Le voleur de destin by Ténor Arthur

Auteur:Ténor, Arthur [Ténor, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Littérature française, Roman historique, + 12 ans
Éditeur: Magnard
Publié: 2001-09-20T22:00:00+00:00

chapitre 11

Le voleur d’âme

Durant leur retour, Thibault et Sheritra s'entendent pour ne rien révéler de leur rencontre à leur oncle. Et le reste de la journée se déroule on ne peut plus agréablement.

Mais la nuit venue, l'un comme l'autre peinent à s'endormir. Thibault s'interroge sur l'attitude de son cousin. Il le connaît assez pour savoir que la brutalité de son coup fourré, cet après-midi, alors qu'il avait course gagnée, dépasse ses capacités de malveillance. Bien sûr, il a une cervelle de limace, bien sûr, il peut faire beaucoup de mal avec sa langue de serpent, mais jamais il n'a été aussi loin dans la méchanceté. Et que penser de ces quelques mots lancés juste avant de l'expédier au fossé : « Tu vas cracher ton âme, sale morveux ? » Une imprécation à vous glacer le sang…

C'est cette même noirceur dans le comportement d'Éric qui angoisse Sheritra. Elle ne craint pas pour elle, car depuis son arrivée en France elle se croit protégée. Seth n'oserait pas s'aventurer si loin de l'Égypte, sur le territoire d'autres dieux et d'autres déesses. Mais sans doute y en a-t-il de mauvais parmi eux, qui animent l'âme d'humains à leur image, comme ce traître d'Éric. C'est pourquoi elle s'inquiète pour Thibault… pour sa vie même.

C'est donc maussades et fatigués qu'ils se retrouvent au matin, dans la cuisine, pour prendre un rapide petit déjeuner avant de partir au collège. Thibault ne cache pas ses sentiments à son amie :

« Je ne suis pas tranquille. Je n'aurais pas dû provoquer Éric, hier.

— Que peut-il faire ?

— Je ne sais pas… Mais je te protégerai, sois-en sûre !

— Ce n'est pas à moi qu'il en veut.

— Il en veut à tout ce qui peut toucher à mon oncle et à moi. »

Ils échangent un regard. La même appréhension les étreint : que l'incident d'hier n'ait déclenché un engrenage infernal.

« Si ça devient trop dur, je demanderai à oncle Georges qu'il nous change de collège », conclut le garçon.

Camille entre dans la cuisine, tel un rayon de soleil.

« Oh, mais qu'est-ce que c'est que ces petites mines ! À votre âge, on doit toujours avoir le sourire. Allez, je veux voir vos jolies quenottes ! »

Après les cours, qui se sont déroulés dans le calme et sans la présence dérangeante d'Éric, Thibault et Sheritra quittent le collège. Étrangement, ni l'archéologue ni Camille ne les attendent à la sortie.

« Oncle Georges est peut-être en retard, suggère la jeune fille.

— Il n'est jamais en retard, répond Thibault inquiet. Il se passe quelque chose. Viens, on va l'appeler sur son mobile. »

Ils gagnent la place la plus proche où se dresse une cabine téléphonique.

« Allô ! Oncle Georges ?… Ben oui, la classe est finie… Les quatre roues ! Mince ! Et la dépanneuse ? Bon… Entendu, on t'attend devant le collège… (il sourit). Non, non, tout va bien… À tout de suite ! »

Thibault raccroche, la mine sombre.

« Oncle Georges est coincé sur la route, à deux kilomètres d'ici, annonce-t-il. Des salauds ont semé des clous sur la chaussée.

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